Proposé en clôture de la saison tout public du centre culturel wanzois, "Petits poi(d)s" touche par un jeu d'acteur qui sous-tend une parole sensible et forte.
Nathalie BOUTIAU
Publié le 19-06-2023 à 09h43 par le journal l'Avenir : https://www.lavenir.net/regions/huy-waremme/2023/06/19/rouge-damour-et-de-colere-GL7VVMXMOVGHFHJ5U6ZFFGISAE/
Mis à jour le 19-06-2023 à 11h16
Dans "Petits poi(d)s", Béatrice Cue Alvarez, partage une parole puissante et douce à la fois. On l’a vue à Wanze, jeudi. ©ÉdA
Rouge est la couleur de l'amour, celle aussi de la colère qui laisse dans la bouche comme un goût amer. Sur la robe de Béatrice Cue Alvarez, ce rouge s'affiche, victorieux, et s'éparpille en pointillés sur le tissu de sa robe. C'est là le point d'ancrage de "Petits poi(d)s": ce cri de révolte qui va chercher au plus loin du souvenir sa matière première.
Proposée jeudi au centre culturel de Wanze, cette pièce sensible et drôle raconte une histoire forte, celle de la narratrice, dernière enfant d'une famille d'immigrés espagnols qui a quitté le régime franquiste. Davantage engagé, féministe, révolté, le propos ici s'emploie à élargir une parole brute, puissante, en prenant le pari d'un spectacle qui questionne notre humanité.
Une femme éprise de liberté
Là où il y a matière à réfléchir sur des combats à mener pour plus de justice, on y retrouve surtout une femme éprise de fraternité, de liberté et d'amour. Son jeu est puissant, millimétré et résume à lui-seul une vie entière de militantisme. Et tout y est épinglé, de la contre-manif d'un premier mai à la manifestation pour la sauvegarde des bassins de sidérurgie liégeois en passant par ses révoltes intérieures, Béatrice Cue Alvarez, crie haut et fort son indignation. "Excusez-moi, il faut que je parle." Et pourtant, sous cette couche rêche de la colère, ce sont des mots pétris d'amour que l'on reçoit. Des mots qui veulent rassembler plutôt que séparer, des mots doux pour sa mère, pour les autres, pour nous.
Théâtre de narration où le drame côtoie la poésie, ce seul en scène raconte des histoires simples et touchantes. Celles qui ont jalonné la vie de Béatrice Cue Alvarez, enfant, adolescente et adulte. Tout y est dit avec authenticité et cette envie ferme de faire avancer notre monde où chacun trouverait sa juste place.
Tout entière dans ce jeu dépouillé mais dense, fébrile et en même temps posé, la comédienne nous touche en même temps qu'elle nous fait réfléchir sur la meilleure façon de vivre. Celle qui tient compte du parfum des choses simples et vraies, comme celui des petits pains fourrés. Celle aussi qui renvoie à des images belles qu'on garde en mémoire. Comme cette robe à petits pois qui faisait dire à sa maman: "Ma fille, quand tu mets des petits pois, tu as la beauté qui te remonte."
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